Loterie solaire, Philip K. Dick

Publié le par L'Emile

Titre original : Solar Lottery    [1955]                                                                  

Genre : Science fiction

D'où sort-il ? Sylvie, une amie de la fac me l'a conseillé

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RESUME : [Résumé de la 4è de couverture de l'édition J'ai Lu]

Dans ce monde, n'importe qui peut accéder au pouvoir. Le dirigeant du monde, ou meneur de jeu, est désigné par tirage au sort. Et, comme dans toute société ludique, ce sont les règles qui régissent la vie, le hasard venant régulièrement remettre en cause son déroulement. C'est ce que découvre Ted Benteley, un scientifique tout juste licencié, qui décide de prêter allégeance à Reese Verrick, le meneur de jeu. C'est ce que découvre aussi Leon Cartwright, un électronicien que la grande loterie vient de désigner comme nouveau meneur, alors qu'il s'apprêtait à quitter la Terre : "Il disposait à présent du pouvoir suprême sur le système des Neuf Planètes. Il était Meneur de Jeu, protégé par un Corps de télépathes, disposant d'une importante armée, d'une flotte de guerre et de police. Il était l'administrateur souverain de toute la structure de la bouteille, du vaste appareil de classification, des jeux, loteries et centres de formation." (pp. 28-29) Deux destins contrariés, deux destins liés. Car Verrick veut reprendre sa place, et Benteley tombre à point nommé...

 

 

 

MON AVIS SUR CE LIVRE : Au départ, j'étais plutôt dubitative : jusqu'à une bonne moitié du livre, je n'étais vraiment pas emballée et trouvais que j'avais été idiote de me laisser tenter par de la science fiction que je sais ne pas aimer d'ordinaire. Mais à mi chemin, cela devient intéressant, et certains passages nous révèlent la dénonciation politique (voire économique pour certains) qui se dissimule derrière la plume de l'auteur :

"Au XXè siècle, le problème de la production avait été résolu. Ensuite, ce fut le problème de la consommation qui affligea l'humanité. Dès 1950-1960, les produits fermiers et manufacturés s'empilèrent dans le monde occidental. On en donna autant que possible - mais cela constituait une menace pour le marché libre. En 1980, la solution momentanée fut d'en brûler pour des milliards de dollars, semaine après semaine." (p.19)

Le hasard est au coeur de tout le système politique de ce monde et c'est très angoissant, parce que n'importe qui peut devenir Chef suprêmeà n'importe quel moment : "Pourquoi le processus du Défi a-t-il été instauré ? Le système de la bouteille existe pour nous protéger ; il élève et abaisse au hasard, choisissant au hasard des individus à des intervalles imprévisibles. Nul ne peut s'emparer du pouvoir, puis s'y maintenir ; nul ne sait quel sera son statut dans un an, dans une semaine. Nul ne peut intriguer pour devenir dictateur : tout obéit aux mouvements imprévisibles de particules subatomiques. Le Défi nous protège d'autre chose : des incompétents, des imbéciles et des fous. Notre sécurité est totale : ni despotes ni déments." (p. 38)

 

On est dans une société robotisée, uniformisée, où chacun pense et vit de la même manière. Tout est lisse et rien ni personne ne doit sortir des carcans imposés par ce système hasardeux, au risque de passer pour un excentrique : "Al hocha la tête avec émerveillement : "L'infinie diversité de la création divine." " Ah ! fit Laura, choquée. Si un de tes collègues t'entendait ! Ils pourraient croire que tu es chrétien." (p. 47).

Et pourtant, un homme va sortir de la routine, va tenter de comprendre comment fonctionne ce système puis va se rebeller, une fois qu'il en a saisi le fonctionnement. Ted Benteley me fait beaucoup penser à Winston Smith, un dissident dans un monde où chacun est inféodé à un Chef (Big Brother ou le Meneur de Jeu). Comme le dit Eleanor page 77 : " Il faut dépendre de quelqu'un, il faut être protégé. C'est un monde froid et hostile, dénué de toute chaleur." Mais Ted Benteley se révolte page 144 : "Nul homme n'est fait pour devenir le serf d'un autre homme."

 

Un petit bémol tout de même, qui n'a rien à voir avec l'oeuvre de Dick en elle-même : l'édition J'ai Lu, sûrement pour des raisons d'économies et de marketing (oui, le livre ne coûte que 3,70€) a imprimé le roman en caractères assez minuscules, ce qui abaisse le niveau de confort de lecture.

 

POUR QUI ? Pour ceux qui ont aimé 1984, pour ceux aui adorent la science fiction. Et même pour ceux qui ne l'aiment pas, mais qui veulent découvrir un livre intelligent et truffé de messages codés.

 

 

Objectif_PAL

Publié dans classiques anglophones

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